Voici un morceau de l'histoire de mon personnage demandé par Nyd.
Une douloureuse annonce…
Au fin fond des forêts ardennaises, à la frontière entre la Wallonie et la France, une enfant au regard rêveur observait les étoiles depuis le balcon de sa chambre. Il faisait doux en ce soir de mai. Une légère brise venait lui caresser le visage et un merle mélancolique entamait son chant envoûtant.
Les paupières closes, la fillette se laissait emporter par ses songes, loin des contraintes et des aléas de l’existence. Un sourire triste étirait ses lèvres, seul signe trahissant les meurtrissures secrètes de son âme.
Jamais plus le cours de sa vie n’aurait le même aspect. Un tournant se profilait à l’horizon et rien ne pourrait empêcher la fillette de le prendre, malheureusement. Même sa volonté de fer était incapable de lutter contre la folie de ses parents…
Ses sourcils se froncèrent un bref instant et une unique larme roula sur sa joue avant de s’écraser sur le sol dur et froid. D’un geste sec, la petite Philippine essuya sa peau encore humide du revers de la main. Elle n’offrirait pas à sa mère le plaisir de la voir pleurer. Sa main se crispa sur le rebord du balcon. L’enfant semblait vouloir se fondre avec le métal.
Fermement accrochée à cette demeure, la fillette se jura de revenir en ces lieux avant de rendre son dernier souffle. Hé oui, Philippine venait d’apprendre en ce 25 mai, jour de son anniversaire, qu’elle allait quitter sa douce Wallonie pour la pluvieuse Angleterre.
La fillette ne put s’empêcher de penser que sa mère aurait dû s’appeler Albion en raison de sa perfidie. Pourquoi fallait-il s’expatrier dans cette fichue Ecosse ? Hein ? Pourquoi devait-elle être arrachée à sa terre de magie pour rejoindre une contrée hostile dont elle ne connaissait rien ? Philippine poussa un long et profond soupir. Ses questions étaient sans réponse, ce qui torturait encore davantage son esprit.
Soudain, le merle moqueur interrompit son chant. Philippine pinça les lèvres et se retourna vers sa chambre. Quelqu’un approchait. S’il s’était agi de son oncle ou de sa grand-mère, l’enfant en aurait été ravie mais là, c’était Berthe, sa mère.
Les yeux couleur noisette de Philippine se posèrent sur la poignée de la porte qui allait être tournée dans une fraction de seconde. La fillette se surprit à souhaiter de tout son être que cette maudite serrure et cette satanée poignée disparaissent, condamnant ainsi l’entrée de la pièce où elle s’était réfugiée. Elle cligna des paupières et un sourire radieux vint éclairer son visage. Quand on veut fortement, constamment, on réussit toujours, n’est-ce pas ?
Elle sautillait dans sa chambre lorsque des pas rageurs se firent entendre dans les escaliers. A première vue, Philippine venait de gagner la partie. Au moins, l’enfant n’aurait pas tout perdu ce jour-là. La jeune Wallonne était désormais sûre de ne pas appartenir au même monde que ses parents mais bien à celui de son oncle, Philippe, et de sa grand-mère, Renée…
Après avoir fermé la porte vitrée qui menait au balcon, Philippine se glissa rapidement dans son lit envahit par les peluches. Au loin, elle entendait les cris de sa mère qui, elle aussi, avait compris de quoi l’avenir serait fait. Le rire cristallin de la petite s’éleva alors doucement dans la chambre endormie et son regard se tourna vers la chère poignée. Elle était de nouveau visible mais Philippine savait qu’elle n’avait pas rêvé. Elle avait bel et bien réussi un tour de magie quelques minutes plus tôt.
Des pas retentirent à nouveau dans le couloir. L’enfant sentait qu’il s’agissait de sa grand-mère et de son oncle. Elle en eut confirmation en entendant leurs bonsoirs auxquels elle répondit d’une voix joyeuse. Philippine savait qu’ils savaient.
Bien vite ses paupières devinrent lourdes et se fermèrent d’elles-mêmes. La fillette plongea avec bonheur dans le monde des rêves et, juste avant de sombrer totalement, entendit son arrière-grand-mère lui murmurer « Bonne nuit, jeune sorcière ».